Épilogue

Dans les grandes lignes, Bob Morane ne s’était pas trompé.

Le poison de l’Ombre Jaune était contenu dans de minuscules et fragiles capsules, elles-mêmes noyées dans la masse du papier métallisé introduit dans l’emballage des Gold Smoke. Dès que ce papier était déchiré, les capsules se brisaient, libérant le poison. Celui-ci, inhalé par quiconque se trouvait dans son champ d’action, accomplissait son œuvre de mort. Et ce n’était pas nécessairement le fumeur qui trinquait.

Quant au poison lui-même, il était constitué par une toxine que le biochimiste Marc Hospitz baptisa du nom de « toxine O.J. », les initiales étant celles de l’Ombre Jaune, à qui, comme on sait, on devait la paternité de la découverte. Découverte dont on aurait d’ailleurs pu fort bien se passer.

Quand on sait qu’une balle de ping-pong pourrait contenir à elle seule un million de millions de virus de la poliomyélite, on peut se faire une idée de la quantité de toxines O.J. que Monsieur Ming avait lancées dans le monde, avec ses millions de Gold Smoke…

La cigarette à l’emballage mortel disparut évidemment du marché. Seules les affiches demeurèrent un certain temps là où elles se trouvaient, dans la plupart des pays du monde, leur or éclatant, inaltérable, continuant à attirer sur elles tous les regards. Fumer Gold Smoke, ce n’est pas fumer. Donc fumez Gold Smoke. À la seule vue de ces affiches, ceux, et ils étaient des millions, qui connaissaient l’histoire de la Gold Smoke et de ses méfaits, ceux-là perdaient, neuf fois sur dix, toute envie de sacrifier encore au plaisir de faire de la fumée.

Bien malgré lui, Monsieur Ming avait apporté quelque chose de bénéfique à l’humanité. Pour une fois. Et une fois n’est pas coutume.